À l’école, jusqu’à récemment, je restais généralement dans mon coin, et j’avais horreur de participer en classe. Tout le monde me trouvait bizarre – c’est toujours le cas – et il semble que je ne faisais rien « normalement« .
« Ne participe pas en classe »
Je ne peux pas te dire combien de fois mes professeurs ont dit à mes parents, aux réunions parents/professeurs, que j’étais « une bonne élève, mais que je ne participais pas en classe ».
D’ailleurs, sur littéralement chaque bulletin scolaire de toute ma vie, il est marqué exactement cette phrase-là : « Très bonne élève, mais ne participe pas en classe. »
Ce qui est super, c’est qu’à cause des autres enfants qui me trouvaient bizarre, et des professeurs aussi, qui me disaient que je n’étais pas normale parce que je ne participais pas, j’ai finis par penser que c’était vrai. Au bout d’un moment, je n’ai plus eu besoin de personne pour me dévaloriser. Je le faisais très bien moi-même en me disant, moi aussi, que je n’étais pas normale. À partir de là, les galères ont commencé. Parce qu’à partir du moment où tu n’as pas confiance en toi, plus rien ne va.
Alors moi, je voudrais pousser un coup de gueule contre tous les profs que j’ai eus qui ont dit ça de moi un jour, sans aller plus loin.
Naturellement, les enfants aiment participer
Quand on met un enfant avec ses frères et sœurs, ou ses cousins, ou n’importe quels autres copains avec qui il se sent bien, il joue, il parle, il crie. En gros : il participe. À moins qu’il ne se passe quelque chose. Ça n’a pas besoin d’être dramatique. Ça peut même être positif. Peut-être que l’enfant reste à l’écart parce qu’il est hypersensible, ou surdoué. Mais le résultat, c’est qu’il ne se sent pas à sa place pour une raison, et qu’il faut toujours découvrir cette raison.
Alors au lieu de juste dire que je ne participais pas en classe, vous n’aviez pas envie de vous poser la question suivante : POURQUOI ?
Vous auriez peut-être découvert que je n’étais pas à l’aise, vu que tout le monde se moquait de moi tout le temps ! Vous auriez peut-être découvert que même certains profs me faisaient peur, et que j’avais l’impression que quoi que je fasse, je ne serais jamais à la hauteur. Alors oui, bien sûr que je restais dans mon coin !
Aller au tableau : un cauchemar
Souvent, j’étais là, à mon pupitre, en train d’écouter et d’apprendre, et puis d’un coup j’entendais la phrase qui tue : « Zabeth ! Au tableau ! »
C’est simple, dans ces moments-là, j’avais juste envie de crever. Je pouvais aussi bien connaître la réponse que ne pas la connaître, arrivée au tableau, ça ne changeait rien. J’étais tellement stressée d’être devant tout le monde, j’avais tellement peur qu’on se moque de moi ou qu’on me lance des gousses d’ail, que tout se mélangeait dans ma tête. Mon cœur commençait à battre la chamade.
Comme j’ai de tout petits poumons, je commençais à hyperventiler, et on finissait par me renvoyer à ma place parce que je n’arrivais à rien, souvent sous les moqueries des autres. Je me rasseyais donc à mon pupitre, pleine de honte, de stress, et complètement malheureuse. Et après ça, vous auriez voulu que je lève la main pour répondre à des questions ?
Résultat de tout ça, je passais mon temps à me retrouver dans des situations où soit on me disait que j’étais nulle, soit je me sentais nulle parce que j’avais perdu mes moyens devant tout le monde. Conclusion, cette idée que je suis nulle m’a suivi une grande partie de ma vie, et est devenue une certitude dont j’ai eu toutes les misères du monde à me débarrasser.
Heureusement, j’ai décidé que les choses n’allaient pas se passer comme ça.
Pour le moment il faut que je te laisse, ma mère n’a pas eu le temps de faire à manger ce soir alors elle a mis du sang congelé dans le micro-ondes… si elle le laisse encore chauffer trop longtemps, on va encore manger du boudin, et j’ai horreur de ça.