Comme je te l’ai expliqué, j’ai été victime de harcèlement pendant des siècles. C’est très long ça, des siècles, surtout pour un enfant. Mais qu’est-ce que ça veut dire, au juste, se faire harceler ? Alors déjà, il faut savoir qu’il y a plusieurs types de harcèlement scolaire.
1. le harcèlement physique
2. le harcèlement moral ou psychologique
3. le harcèlement social
4. le cyberharcèlement ou harcèlement virtuel
Comme j’ai tout de même 3911 ans, j’ai eu le temps d’en expérimenter plusieurs formes, ô joie ! Alors crois-moi quand je te dis que je m’y connais plutôt bien. Que ce soit le harcèlement psychologique, social ou physique, j’ai eu droit à tout !
De nos jours, avec le cyberharcèlement qui s’est mis de la partie, tout est devenu encore plus compliqué. Je peux te dire que si les réseaux sociaux avaient existé quand j’avais 1300 ans, j’en aurais beaucoup souffert.
Je ne sais pas pour toi, mais aucune forme ne me semble moins grave que les autres. Tous les types de harcèlement sont violentes pour les enfants, et toutes ces formes de violence à l’école peuvent avoir des conséquences dramatiques pour ceux qui en sont victimes, quand ils sont encore jeunes, mais quand ils seront adultes aussi.
La victime de harcèlement qui s’ignore
Je vais te dire quelque chose qui pourra te sembler étonnant : ça m’a pris des années avant de comprendre que je me faisais harceler.
Dans mon cas, le problème c’est que j’ai commencé à être un souffre-douleur tellement tôt que je me suis habituée à être celle que les autres n’aiment pas.
Pendant des siècles, je n’ai rien connu d’autre que les insultes, les moqueries et les mises à l’écart.
Même si je détestais ça, c’était devenu normal pour moi. Alors au lieu de chercher de l’aide et d’essayer de trouver des solutions à ce problème, je le subissais sans rien dire. Même mes parents ne savaient rien.
Quand j’ai fini par comprendre que ces violences n’étaient pas normales, je n’ai rien dit non-plus. J’étais retenue par un mélange de peur de représailles de la part de mes bourreaux, de doute quant à la capacité de mes parents à m’aider, et surtout de honte. J’étais déjà une victime à l’école, je ne voulais pas en plus en être une aux yeux de mes parents.
Résultat : ils n’ont jamais pu m’aider, puisqu’ils n’étaient au courant de rien.
Harcèlement : le plus important, c’est d’en parler
Avec ma liste, tu sauras si tu es victime, toi aussi, de harcèlement.
Si c’est le cas, je veux te dire une chose très importante : il faut que tu en parles à un adulte le plus tôt possible. À tes parents, grands-parents, oncles ou tantes, autres membres de ta famille, professeurs, directeur d’établissement scolaire, conseiller d’orientation, psychologue… à n’importe quel adulte en qui tu as confiance. Il suffit d’une phrase : « On me harcèle à l’école. »
N’aie pas peur de rendre les choses pires qu’elles ne le sont, et je vais te dire pourquoi : tu es déjà en train de vivre le pire, et ce n’est PAS NORMAL. Il y a des solutions pour te sortir de cette situation, même si tu ne le crois pas encore, mais pour ça, IL FAUT EN PARLER.
Si malheureusement, que ce soit dans ta famille ou à l’école, il n’y a pas d’adultes en qui tu as assez confiance pour raconter ce que tu vis, il y a des numéros que tu peux appeler, où tu trouveras toujours une personne pour t’aider. Je te les donne à la fin de l’article.
Quoiqu’il arrive, le plus important, c’est que tu ne restes pas isolé et silencieux.
Fais-moi confiance s’il-te-plaît, je sais ce que je dis. Je suis déjà passée par là. J’ai vécu exactement ce que tu es en train de vivre.
Quand doit-on parler de harcèlement scolaire ?
Je vais maintenant te décrire les différentes formes de harcèlement scolaire. Premièrement, pour que tu puisses savoir si tu en es toi-même victime, et deuxièmement, pour que tes parents qui lisent soient informés eux aussi, et attentifs aux signes. Bien que ce ne soit pas toujours simple pour eux de savoir si tu te fais harceler à l’école, il y a toujours des signes. Il faut être à l’écoute et bien observer pour les repérer, surtout si, comme moi, tu ne dis rien.
Le harcèlement scolaire, c’est quoi ?
1. Les trois piliers du harcèlement scolaire
2. Pourquoi se fait-on harceler ?
3. Les différents types de harcèlement scolaire
1. Les trois piliers du harcèlement scolaire
Trois caractéristiques se retrouvent toujours dans toute forme de harcèlement :
- il y a de la violence (physique, verbale, psychologique) avec une volonté de nuire
- c’est régulier : ça se répète et ça dure dans le temps
- si on te harcèle, tu finis par te retrouver isolé, sans pouvoir te défendre
Le harcèlement est commis en groupe. Il peut y avoir un meneur ou une meneuse, mais il ou elle a toujours besoin de son groupe, car son but car son but quand il harcèle un autre enfant, c’est de donner une impression de force et de supériorité à ses camarades, en rabaissant quelqu’un qui ne sait pas se défendre. C’est d’ailleurs en utilisant ce besoin qu’il ou elle a d’être populaire qu’il est possible de se défendre. Est-ce qu’être populaire est la seule motivation d’un enfant qui te harcèle ? Bien sûr que non. Je te parlerai des élèves harceleurs bientôt.
2. Pourquoi se fait-on harceler ?
La vérité, c’est que toutes les raisons sont bonnes. Tout et son contraire peut être à l’origine de harcèlement scolaire.
- l’apparence physique (la couleur de peau, être plus grand ou plus petit que les autres, plus gros ou plus maigre, porter des lunettes, avoir de plus grandes oreilles que les autres, avoir les cheveux d’une certaine couleur ou d’une certaine texture…)
- une personnalité atypique (timide, solitaire…)
- le handicap, physique ou mental
- un trouble de la communication (bégaiement, zozotement…)
- l’appartenance à un groupe ethnique, culturel ou religieux (racisme, antisémitisme, islamophobie…)
- les différences sociales (être plus pauvre ou plus riche que les autres, la profession des parents, avoir un parent au chômage…)
- l’identité de genre (un garçon efféminé, une fille garçon-manqué, enfant androgyne ou transgenre…)
- l’orientation sexuelle (réelle ou présumée)
- la douance (les enfants qu’on appelle aujourd’hui HP (Hauts Potentiels), ou anciennement « surdoués », sont très souvent victimes de harcèlement)
En gros, tu l’auras compris, à partir du moment où on est différent, quelle que soit cette différence, on risque d’être victime de harcèlement. Quel que soit son âge, qu’il soit au primaire, au collège ou au lycée, à l’intérieur ou à l’extérieur des établissements scolaires, aucun enfant n’est à l’abri.
Mais pourquoi un enfant se fait harceler et pas un autre ? Eh bien c’est parce que les enfants victimes de harcèlement ont tous un point en commun. Nous y reviendrons très bientôt dans un prochain article.
3. Les différents types de harcèlement scolaire
Voici la liste que je t’ai préparée. N’oublie pas, les violences à l’école ne se limitent pas à des coups ou à des bousculades, et tu peux être victime d’une forme de harcèlement, de plusieurs, et même de toutes à la fois.
1. Le harcèlement physique
C’est le plus facile à identifier. Bien que ce soient plus souvent les garçons qui en sont victimes, ce n’est bien sûr pas une règle. Une fille peut tout à fait subir des violences physiques.
Tu es victime de harcèlement physique si régulièrement, à l’école :
- on te frappe, pince, pousse, tire les cheveux, griffe…
- on te crache dessus, te lance de l’eau, des objets ou de la nourriture
- on te vole tes affaires, te dégrade tes affaires
- on te rackette (quelqu’un use de la force physique, te menace, ou te fait du chantage pour que tu lui donnes de l’argent, ton manteau, ton téléphone, ton repas…)
- on a des gestes déplacés à ton égard, on te force à embrasser quelqu’un
- on te force à jouer à des jeux dangereux (défis, jeu du foulard…)
2. Le harcèlement psychologique (ou moral)
Ce type de harcèlement est particulièrement sournois. Très souvent, les harceleurs se font discrets en classe, et passent à l’acte à l’abri du regard des adultes. Il n’est donc pas toujours simple à prouver, et tu peux te retrouver dans une situation où ce sera « ta parole contre la sienne ». De plus, les parents commettent souvent l’erreur de sous-estimer ce type de harcèlement, essentiellement verbal (contrairement aux violences physiques, par exemple), et te disent que tu n’as « qu’à » ignorer ce qu’on te dit.
Pour toutes ces raisons, tu n’en parleras peut-être pas ou plus, tu feras tout pour cacher ta douleur aux yeux des autres, et tu ne recevras absolument aucune aide.
Cette forme de violence peut causer d’énormes dégâts psychologiques et rendre la vie insupportable aux victimes, avec des conséquences parfois dramatiques (complexes durables et importants, anxiété, dépression, comportements autodestructeurs, désocialisation, suicide…)
Tu es victime de harcèlement moral si régulièrement, à l’école :
- on se moque de toi, on fait des blagues à tes dépends
- on t’insulte
- on te donne des surnoms désagréables ou humiliants
- on cherche à t’humilier
- on te menace
- on répand de fausses rumeurs à ton sujet
- on te fait du chantage
- on te fait des commentaires à connotation sexuelle
3. Le harcèlement social
Ce type de harcèlement est le plus fréquent, et peut te concerner, que tu n’aies pas d’amis ou que tu fasses partie d’un groupe d’enfants.
Tu es victime de harcèlement social si, à l’école en général, ou au sein de ton groupe d’amis, régulièrement :
- on te laisse de côté
- on refuse que tu participes aux jeux et aux activités de groupe
- quand tu participes, on t’ignore délibérément (on ne t’écoute pas, on ne te regarde pas, on ne t’inclut d’aucune façon)
- tu n’es jamais invité aux anniversaires
- personne ne veut être avec toi pour les travaux en équipe ou en cours de sport
- on refuse que tu manges à la même table à la cantine et tu finis par manger tout seul
- on poste des photos sur les réseaux sociaux d’événements auxquels tu n’étais pas invité, ce qui te fait sentir encore plus exclu
4. Le cyberharcèlement, cyberintimidation ou harcèlement virtuel
Ce type est le plus récent, et est apparu avec les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Tik Tok…) et les téléphones portables (SMS, messageries instantanées…)
Ce qui est dramatique avec le cyberharcèlement, c’est qu’il ne s’arrête jamais. Il te poursuit en-dehors des murs de l’école, et tu peux te retrouver harcelé 24H/24.
De plus, il est très difficile voire impossible à contrôler.
Si tu ne mets personne au courant, tu finis par te retrouver complètement seul face à ce déferlement de violence et tu te sens en insécurité totale.
Tu es victime de cyberharcèlement si, régulièrement :
- on te harcèle via les moyens numériques (tu reçois des messages répétés d’insultes, de menaces, d’incitation au suicide ou des photos embarrassantes)
- on te dénigre sur internet (fausses rumeurs à ton sujet, ragots, moqueries…)
- on usurpe ton identité (ton nom, ta photo…) pour envoyer des messages à des gens que tu connais (insultes, messages à connotation sexuelle, photos) ou pour créer un faux compte sur un réseau social et s’en servir pour te ridiculiser ou te faire passer pour une personne que tu n’es pas
- on te filme en situation délicate (en train de te faire humilier, insulter, frapper, abuser) puis on diffuse la vidéo sur internet
- on publie, sans ton accord, des secrets que tu as confiés à quelqu’un, ou des documents privés pour t’humilier (des photos de toi, des captures d’écran de messages que tu as envoyés à quelqu’un, des vidéos où tu apparais…)
- on crée une page ou un compte sur un réseau social uniquement destiné à t’insulter et à dire qu’on te déteste publiquement (ça s’appelle les Hate Sites, en français : les Sites de Haine)
Qui contacter en cas de harcèlement scolaire ?
Si tu te fais harceler ou si on harcèle ton enfant à l’école, voici quelques-uns des numéros que tu peux appeler pour demander de l’aide, selon le pays où tu habites. Tu y trouveras des gens qui sont là pour t’aider.
France : 3020
Québec : 1-800-668-6868
Suisse : 147
Belgique : 103
Tu trouveras plus de numéros sur cette page.
Ici tu trouveras des liens vers des associations, des textes de loi, des méthodes de prévention et plus encore.
Ressources
Livres sur le harcèlement scolaire, l’empathie et l’estime de soi